CHAPITRE 1
Paul, apôtre, non de la part des hommes, ni
par un homme, mais par Jésus-Christ et par Dieu le Père qui l'a ressuscité
d'entre les morts, et tous les frères qui sont avec moi, aux Églises de la
Galatie… (Ga 1:1-2)
D’emblée, Paul affirme son autorité
d’apôtre. Il sait que les faux-docteurs lui refusaient ce titre. Paul affirme
que cette autorité ne venait pas d’un homme ou de l’Eglise, mais de Dieu
Lui-même (il mentionne par là même la divinité de Jésus : Jésus n’était
pas qu’un homme)
En tant qu’apôtre, Paul avait été mandaté par Dieu
pour proclamer un message, le message de l’Evangile.
Il était un apôtre au même titre que les 12 apôtres du
Christ, car même s’il n’avait pas vu le Christ de son vivant sur la terre, il
avait vu le Christ ressuscité et glorifié.
Cette lettre ne s’adresse pas à une église locale mais
aux églises d’une région, la Galatie.
A noter que contrairement aux autres lettres de Paul,
l’épître aux Galates ne comporte aucun éloge ou aucune action de grâces en
faveur des Galates. L’heure était grave devant la tendance des églises à
s’écarter du vrai Evangile et Paul devait y remédier de toute urgence.
Que la grâce et la paix vous soient données
de la part de Dieu, notre Père, et du Seigneur Jésus-Christ, qui s'est donné
lui-même pour nos péchés, afin de nous arracher au présent siècle mauvais,
selon la volonté de notre Dieu et Père, à qui soit la gloire aux siècles des
siècles! Amen! (Ga 1:3-5)
Paul salue ses auditeurs d’une manière
typique de ses épîtres. Mais même à travers ces salutations habituelles, Paul s’attaque
aux judaïsants qui fondaient le salut sur les œuvres plutôt que sur la grâce de
Dieu.
Paul rappelle aux Galates que la grâce est l’unique
source du salut et que la conséquence en est la paix : la paix avec Dieu
et la paix de Dieu.
Cette grâce et cette paix ne viennent pas d’en bas,
des hommes, mais d’en haut, du Père et de Jésus-Christ (à nouveau une mention
implicite de la divinité de Jésus qui est placé sur le même rang que le Père).
Ces bénédictions nous ont été données grâce à l’œuvre
expiatoire de Jésus, en tant que sacrifice pour nos péchés. La mort de Christ
est le fondement de la grâce divine.
A travers la mort de Jésus, non seulement nous sommes
pardonnés de nos péchés, mais nous sommes aussi libérés de la puissance du
monde mauvais et de celui qui le gouverne, Satan.
Si le chrétien, présentement, vit encore dans le
monde, il n’est plus du monde. Il a été introduit dans une nouvelle sphère, un
nouveau royaume : le royaume de Dieu.
Paul rappelle enfin que la mort de Jésus n’était pas
un accident ou un échec, mais l’expression de la volonté parfaite de Dieu, que
le Fils a pleinement accepté.
Je m'étonne que vous vous détourniez si
vite de celui qui vous a appelés par la grâce de Christ, pour passer à un autre
évangile. Non pas qu'il y en ait un autre, mais il y a des gens qui vous
troublent et veulent pervertir l'Évangile du Christ. (Ga 1:6-7)
Paul était un père spirituel pour tous ces
croyants de Galatie. Comme un bon père, il avait travaillé dur pour leur
conversion et leur établissement dans la foi. Lors de son 2ème
voyage missionnaire, il était même repassé les voir pour les affermir dans la
foi : Quelques jours après, Paul dit à Barnabas: Retournons visiter les
frères dans toutes les villes où nous avons annoncé la parole du Seigneur, (pour
voir) où ils en sont. (Actes 15:36)
C’était donc avec une profonde tristesse
et un grand étonnement, qu’il appris leur abandon du véritable évangile qu’il
leur avait prêché. On constate par ailleurs que lorsque la bonne graine est
semée, l’ennemi ne tarde jamais à semer son ivraie diabolique par derrière.
Le mot grec traduit par se détourner (metatithemi)
signifie « transférer son allégeance », comme pour un soldat qui
change de camp ou un homme politique qui change de bord.
En d’autres termes, Paul accuse les
Galates d’être comme des renégats religieux ou des déserteurs spirituels.
A cause de l’enseignement séducteur des
judaïsants, ils avaient abandonné volontairement l’évangile de la grâce pour
embrasser un faux évangile.
En réalité cet évangile n’a rien du vrai évangile. Il
n’y en a qu’un, c’est l’évangile de la grâce.
Ces faux docteurs prétendaient ce qui est résumé en
Actes 15:1 : Si vous ne vous faites pas
circoncire selon la coutume de Moïse, vous ne pouvez être sauvés.
Ils ne niaient pas la nécessité de croire
en Jésus pour être sauvé, mais ils affirmaient également le caractère
indispensable de la circoncision et l’observation intégrale de la Loi.
Autrement dit, ils prétendaient qu’il fallait achever
par soi-même ce que Christ avait commencé. Les mérites seuls de Christ ne
suffisaient plus, il fallait rajouter les mérites de l’homme. Ils vidaient
ainsi le contenu même de l’évangile, à savoir la grâce.
Ce faux évangile était devenu une perversion du vrai
évangile. Satan vient souvent enseigner avec un mélange de vérité et de
mensonge : un peu de levain fait lever toute
la pâte (1 Co 5:6)
A cause de cette fausse doctrine, les Galates étaient
troublés, littéralement, secoués dans tous les sens, mis sens dessus-dessous.
Ils étaient complètement désorientés.
On voit l’importance fondamentale d’un bon
enseignement, d’une saine doctrine : la doctrine est le fondement de
l’expérience chrétienne. Une saine théologie engendrera une saine pratique de
la vie chrétienne.
Non seulement les Galates avaient abandonné l’évangile
authentique mais ils s’étaient aussi détourné de Celui qui les avait appelés à
sa grâce : Dieu Lui-même.
Dieu est intimement lié à sa Parole : se
détourner de sa Parole, c’est se détourner de Lui et inversement : Jésus lui répondit: Si quelqu'un m'aime, il gardera ma
parole, et mon Père l'aimera; nous viendrons vers lui et nous ferons notre
demeure chez lui. (Jean 14:23)
Mais si nous-mêmes, ou si un ange du ciel
vous annonçait un évangile différent de celui que nous vous avons annoncé,
qu'il soit anathème! Nous l'avons dit précédemment, et je le répète maintenant:
si quelqu'un vous annonce un évangile différent de celui que vous avez reçu,
qu'il soit anathème! (Ga 1:8-9)
Ces paroles reflètent toute l’ardeur de
l’apôtre à combattre les hérésies et à maintenir la vérité.
Il prononce un anathème solennel, une
malédiction, une sentence de destruction sur tous ceux, y compris lui-même, qui
voudraient dénaturer la pureté de l’évangile.
Le dépôt que Dieu nous a confié, sa
Parole, est si important que l’on doit être prêt à combattre pour elle, de
toutes nos forces. Jude exhortait les chrétiens à combattre pour la foi qui
a été transmise aux saints une fois pour toutes. (Jude 1:3)
La doctrine que Paul leur avait annoncée
était complète, parfaite. On ne devait ni ajouter quoi que ce soit, ni en
retrancher quoi que ce soit.
Pourquoi l’apôtre se montre-t-il si
sévère, pourquoi ses paroles sont-elles si dures ?
Premièrement parce que la gloire de Christ
était en jeu : affirmer que des œuvres humaines sont nécessaires au salut
c’est mépriser, rejeter l’œuvre pleinement suffisante de la croix.
Deuxièmement, le destin éternel des hommes
était aussi en jeu : seul l’évangile de Christ, l’évangile de la grâce est
capable de sauver un homme. En refusant cela, c’est son avenir éternel qui est
remis en question. Pire, en enseignant cela, on est sous la condamnation
directe de Dieu : Mais si quelqu'un était une occasion de chute pour un
de ces petits qui croient en moi, il serait avantageux pour lui qu'on suspende
à son cou une meule de moulin, et qu'on le noie au fond de la mer. (Matthieu
18:6)
Et maintenant, est-ce la faveur des hommes
que je désire, ou celle de Dieu? Est-ce que je cherche à plaire aux hommes? Si
je plaisais encore aux hommes, je ne serais pas serviteur de Christ. (Ga 1:10)
Contrairement aux judaïsants qui
cherchaient à plaire aux hommes, comme les Pharisiens, Paul ne vivait que pour
la gloire et l’approbation de Dieu. C’est là une caractéristique essentielle de
tout serviteur de Dieu : chercher d’abord à plaire à son Maître.
Paul savait très bien, qu’à la fin des
temps, il aurait des comptes à rendre non aux hommes mais à Celui qui l’avait
appelé à son service : Jésus-Christ.
Etre serviteur de Dieu implique bien des
souffrances et parfois l’hostilité des adversaires de l’évangile.
Je vous déclare, frères, que l'Évangile qui
a été annoncé par moi n'est pas de l'homme car moi-même je ne l'ai ni reçu ni
appris d'un homme, mais par une révélation de Jésus-Christ. (Ga 1:11-12)
En réponse aux faux-docteurs qui voulaient
discréditer le ministère de Paul, ce dernier va s’attacher à prouver à ses
auditeurs l’authenticité de son ministère d’apôtre.
Il le fait non par fierté personnelle ou
par réaction d’orgueil mais pour la cause de l’évangile.
En effet, si les croyants Galates étaient
persuadés que ce qu’affirmaient les judaïsants était vrai, à savoir que
l’autorité de Paul était illégitime, ils n’avaient plus aucune raison de
continuer à croire dans son message.
Or Paul était convaincu que l’évangile
qu’il leur avait proclamé était d’origine divine et que les Galates devaient,
dans leur propre intérêt, y rester fermement attachés.
Paul affirme ici que cet évangile a certes été annoncé
par lui-même (il dira mon évangile dans Romains 16.25) mais qu’il ne l’a
pas inventé ou copié ou reçu d’un autre homme.
Il n’a pas reçu d’informations de seconde main, mais
il a reçu une révélation de 1ère main : c’est Jésus-Christ
lui-même qui l’a enseigné. Cette révélation concerne Jésus et est communiqué
par Jésus. Par conséquent, il détient un enseignement véridique, certifié,
digne de confiance au même titre que les autres apôtres qui ont vu le Seigneur :
Pierre, Jean etc.
Vous avez en effet entendu parler de ma
conduite autrefois dans le judaïsme: Je persécutais alors à outrance l'Église
de Dieu et je la ravageais; dans le judaïsme, je surpassais beaucoup de ceux de
mon âge et de ma race, car j'avais un zèle excessif pour les traditions de mes
pères. (Ga 1:13-14)
Paul en vient à parler des événements qui
ont précédé sa rencontre avec le Christ.
Il décrit sa condition spirituelle ;
à l’instar des religieux qui faisaient du tort à l’évangile et à son ministère,
il était comme eux issus du judaïsme et animé d’un zèle charnel.
Avant d’être l’apôtre Paul, il était Saul
de Tarse, le plus féroce persécuteur de l’église chrétienne. Son hostilité
contre les disciples de Christ allait jusqu’à la violence, la sauvagerie et
même la haine meurtrière. Il était non seulement attaché à la loi de Moïse mais
aussi aux traditions juives, interprétations purement humaines. En bref, Paul
était un bigot et un fanatique religieux. Si jamais une religion avait pu
sauver un homme, Paul aurait été cet homme là.
C’est dire s’il était bien placé pour
comprendre l’attitude des judaïsants et le danger qu’ils représentaient pour
l’Eglise chrétienne naissante.
Ces convictions religieuses qui animaient
Paul montre aussi que rien moins que la puissance de Dieu était capable de le
faire dévier de ce chemin trompeur.
A chaque fois que Paul parle de sa vie
avant sa conversion, il fait allusion à l’état de perdition dans lequel il
était, soulignant par là l’excellence de la grâce qu’il avait reçue à travers
Jésus.
Mais, quand Celui qui m'avait mis à part
dès le sein de ma mère, et qui m'a appelé par sa grâce, a trouvé bon de révéler
en moi son Fils… (Ga 1:15-16)
Paul relate ici sa conversion. Cette
conversion n’était ni l’œuvre d’un homme, ni le fruit de ses mérites religieux
mais l’œuvre souveraine de Dieu en personne. C’est toujours Dieu qui prend
l’initiative de sauver les perdus que nous sommes.
Au temps choisi de Dieu, Paul fut arrêté
net dans son fanatisme légaliste et religieux.
Une fois de plus, Paul met en exergue la
grâce et la grâce seule de Dieu qui l’a appelé au salut.
Ce plan de rédemption était déjà en œuvre
alors même qu’il n’était encore qu’un embryon.
Le regard de Dieu était déjà sur la vie de
Paul alors que celui-ci persécutait l’Eglise de Christ.
Sur le chemin de Damas (actes 9), Paul eut
la révélation extraordinaire de Celui qu’il persécutait sans le savoir. Cette
révélation de la personne et de l’œuvre de Jésus fut progressivement accordée à
Paul comme à nul autre dans le but de faire de lui le plus ardent propagateur
de l’évangile.
… pour que je l'annonce parmi les païens,
aussitôt je n'ai consulté ni la chair ni le sang, et je ne suis pas monté à
Jérusalem vers ceux qui furent apôtres avant moi, mais je partis pour l'Arabie.
Puis, je revins encore à Damas. (Ga 1:16-17)
Dès l’instant où il se convertit, Paul fut
entièrement consacré au service de l’évangile. Dans le plan souverain de Dieu,
Paul était désigné pour devenir l’Apôtre des païens, le témoin de Christ parmi
les nations : Mais le Seigneur lui dit: Va, car cet homme est pour moi
un instrument de choix, afin de porter mon nom devant les nations et les rois,
et devant les fils d'Israël. (Actes 9:15)
Pour montrer que l’appel de Dieu et la
révélation du fils de Dieu n’étaient pas le produit d’une entreprise humaine,
Paul dit qu’il n’est aller voir personne. Contrairement à ce que prétendaient
ses adversaires, il n’est pas allé voir les autres apôtres pour recevoir sa
doctrine.
Au contraire, Paul se réfugia en Arabie,
région à l’est de Damas, probablement pour un temps de retraite spirituelle
afin de méditer les Ecritures et recevoir d’autres révélations de la part du
Seigneur. C’est dans ce désert que Paul a été formé personnellement par Jésus
au ministère.
Trois ans plus tard, je suis monté à
Jérusalem pour faire la connaissance de Céphas, et je suis resté quinze jours
chez lui. Mais je n'ai vu aucun autre des apôtres, si ce n'est Jacques, le
frère du Seigneur. En vous écrivant cela, voici: devant Dieu, je ne mens pas. (Ga
1:18-20)
Les 3 ans sont à peu près le temps entre
la conversion de Paul et son 1er voyage à Jérusalem.
Du fait de l’altitude de Jérusalem, on
parle toujours, en Israël, d’y monter.
La raison de ce voyage était simplement de
rendre visite au leader de l’Eglise primitive, l’apôtre Pierre. Il n’y est pas
allé pour recevoir un enseignement de Pierre ou d’un autre apôtre. D’ailleurs
dans un laps de temps aussi court, 15 jours, cela n’aurait pas été possible.
Jacques n’est pas ici le frère de Jean, l’un des Douze, mais le frère de Jésus
qui s’est converti après et est devenu un Ancien de Jérusalem.
En disant qu’il ne ment pas, Paul réfute
les propos des légalistes juifs qui prétendaient qu’il était un menteur.
Je me rendis ensuite dans les contrées de
la Syrie et de la Cilicie. Or, mon visage était inconnu des Églises de Judée
qui sont en Christ. Elles avaient seulement entendu dire: Celui qui autrefois
nous persécutait, annonce maintenant la foi qu'il voulait alors détruire. Et
elles glorifiaient Dieu à mon sujet. (Ga 1:21-24)
Ce passage correspond à Actes
9:29-30 : Il (Paul) parlait aussi et discutait avec les Hellénistes;
mais ceux-ci cherchaient à le faire mourir. Les frères en eurent connaissance,
le conduisirent à Césarée et le firent partir pour Tarse.
La Cilicie était la région natale de Paul
et avait pour centre la ville de Tarse.
Paul eut l’occasion de prêcher en Syrie, à Damas et à
Antioche où avec Barnabas, il fut pasteur de l’église qui était en plein réveil
(Actes 11).
Etant ainsi à l’extrême nord de Jérusalem, Paul avait
peu de chances de rencontrer les chrétiens de Judée et encore moins d’être
instruits par eux. Ceci pour dire, encore une fois, que l’évangile qu’il
pêchait ne venait pas des hommes mais de Dieu.
Toutefois, sa rumeur de persécuteur de l’Eglise, avait
depuis longtemps franchi les frontières géographiques.
Après un temps de méfiance fort compréhensible de la
part des premiers chrétiens, ceux-ci acceptèrent Paul et se réjouirent de
l’œuvre extraordinaire accomplie dans sa vie : seul le Dieu miséricordieux
et Tout-Puissant pouvait transformer aussi radicalement un tel homme !
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